Le réveil sonne… Douche, café, les infos, un peu de musique peut-être… C’est parti pour une nouvelle journée de travail. Vous sentez-vous impatient, prêt à en découdre ? Plutôt morose ? Carrément découragé ? Pendant la crise du covid-19, de nombreux salariés se sont trouvés confinés, désœuvrés, parfois seuls face à leur ordinateur. Alors que la plupart des entreprises tournaient au ralenti, beaucoup se sont questionnés à propos de leur job, leurs envies, leur utilité sociale. Pour les managers et les dirigeants, l’enjeu est de taille : comment remobiliser les équipes et repartir du bon pied après une crise majeure ? Comment accompagner les collaborateurs pour qu’aboutisse leur quête de sens au travail ?
Une quête de sens propre à chacun
Déception, lassitude, perte de confiance, la démotivation peut prendre plusieurs aspects. Dans ses formes les plus sévères, elle devient brown-out (perte de sens) ou bore-out (ennui profond). Les conséquences de telles désillusions peuvent être accablantes.
Selon l’Apicil1 et son Indice de Bien-Être au Travail (IBET©), le désengagement concerne 54% des salariés. Il représente un coût de 13 340 euros par an et par personne démotivée. Source d’erreurs, présentéisme, maladies, arrêts de travail, etc., ce phénomène impacte la performance des entreprises et la santé des Hommes.
1 Apicil, groupe de protection sociale complémentaire – statistiques de 2016
Il est donc important de comprendre ce que signifie le besoin de « donner du sens à son travail ».
Peut-être avez-vous entendu parler des bullshit jobs, concept décrit par David Graeber, anthropologue et anarchiste américain. Il s’agit de ces postes inutiles, sans contribution tangible et parfois totalement absurdes, imposés par des habitudes ou des organisations incohérentes.
Peut-on affirmer que de tels jobs n’ont aucune valeur ? Tout est affaire de point de vue. Il revient à chaque salarié en quête de sens au travail de s’interroger sur ses aspirations profondes. Vous vous sentez concerné ? Réfléchissez aux points suivants :
- En quoi croyez-vous profondément ?
- Pouvez-vous agir conformément à votre éthique dans votre quotidien professionnel ?
- Quelles actions concrètes pouvez-vous mettre en œuvre afin d’être en phase avec vos convictions ?
Chacun est différent. Un job peut exalter l’un de vos collègues tout en vous paraissant inepte. Certains ont besoin d’autonomie, d’autres veulent avant tout satisfaire leurs clients, d’autres encore privilégient les rapports humains ou le développement durable. Si vous êtes soucieux de l’environnement alors que votre employeur fabrique des produits que vous jugez nocifs ou socialement inutiles, vous pourriez rapidement souffrir d’un décalage idéologique.
Soyez pro-actif et sollicitez votre hiérarchie. Briguez de nouvelles responsabilités. Initiez des challenges pour accompagner la transition écologique de votre entreprise. Participez à des projets annexes. Engagez-vous dans la responsabilité sociétale. Proposez de développer un nouveau produit ou service. Vous avez compris l’idée.
Préserver l’implication des collaborateurs
Si vous êtes manager ou dirigeant, votre rôle est tout aussi primordial pour préserver la motivation des équipes, notamment lors d’une période de crise ou de changement. Vous pouvez agir sur trois niveaux :
Prévenir et rester à l’écoute
Nous l’avons dit, chacun réagit d’une manière différente selon sa personnalité. La perte de sens produira donc des symptômes différents d’un salarié à l’autre. Pour prévenir le désengagement, quelques conseils :
- Prêtez attention aux “signaux faibles” : les retards inhabituels, les erreurs d’inattention d’un collaborateur réputé pour sa rigueur ou une personne habituellement sociable désertant soudain les pauses café ;
- Profitez des conversations informelles pour vérifier que les membres de votre équipe s’épanouissent au sein de l’entreprise ;
- N’oubliez personne ! Les managers ont tendance à passer 80% de leur temps avec les 20% de leurs collaborateurs les plus demandeurs, tout en négligeant parfois d’autres éléments plus discrets ;
- Responsabilisez vos interlocuteurs : rester à l’écoute ne signifie pas résoudre les problèmes à la place de ceux qui les soumettent. Encouragez-les plutôt à devenir acteurs de leur situation : « comment perçois-tu ton travail ? », « de quoi as-tu besoin ? », etc.
Remettre les missions en perspective
La quête de sens au travail est bien souvent provoquée par le manque d’une vision claire. Connaissez-vous la parabole des tailleurs de pierre ?
Trois hommes regroupés sur un chantier cisèlent les pierres au même rythme, avec les mêmes outils. Ils travaillent donc dans des conditions identiques mais arborent tous trois des mines bien différentes. Le premier se montre accablé, le deuxième semble indifférent à son sort quand le troisième sifflote et a l’air parfaitement heureux.
Interrogés sur leur activité, voici ce qu’ils répondent :
Le premier se plaint d’une voix amère : “Je casse des cailloux pour purger ma peine.”
Le second explique d’un ton neutre : “Je travaille pour nourrir ma famille.”
Le troisième affiche un grand sourire : “Je taille des pierres pour construire et embellir la nouvelle cathédrale !”
Motiver les hommes, c’est aussi leur rappeler la finalité de ce qu’ils accomplissent au quotidien. Explicitez l’objectif de l’entreprise, clarifiez leurs missions, aidez-les à garder le cap dans un environnement économique toujours changeant. Questionnez-leur sur leur contribution et ce qu’ils aimeraient réaliser.
Piloter et responsabiliser
Apporter une vision favorise l’engagement mais la motivation se nourrit également au quotidien. En voici 3 ingrédients indispensables :
- Du bon sens, toujours du bon sens ! Simplifiez les processus et veillez à la cohérence des tâches. Supprimez ce qui ne fonctionne pas, éliminez les réunions inutiles, décidez avec bon sens. Faut-il vraiment une procédure de validation pour remplacer une cartouche d’encre à 30 euros ?
- De la confiance ! Laissez à vos équipes une part d’autonomie. Les possibilités sont légions : télétravail, horaires variables, groupes de réflexion pour proposer et mettre en œuvre les « idées vertes », etc.
- Et une bonne dose d’ouverture d’esprit ! Proposez des formations pour développer les softs skills et le savoir-être de vos équipes, en d’autres termes, leurs compétences comportementales, transversales et humaines. La confrontation constructive en est un bon exercice : en réunion, incitez vos collaborateurs à exprimer leur avis plutôt que de rechercher une adhésion unanime.
C’est à vous maintenant ! Quelle action simple pourriez-vous réaliser demain pour donner du sens à votre travail ou à celui de vos salariés ?
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